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DE LA VILLE DE PARIS.
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voient esleu pour ses mérittes, le suppliant d'ac­cepter ceste éllection et de voulloir s'acheminer pour le bien du Royaume le plus tost qu'il pour­roit; et après luy présentèrent ledict Decret qui fut leu par le Castellan de Seure f1' accompaigné des Castellans de Guenesne et du Conte Gorca, qui te-, noient les deulx boutz du Decret scellé de six vingtz sceaulx.
Et après Ia lecture faitte, l'Evesque dict encores quelque peu de chose. Depuis, le Maistre de Li-thuanyc parla de la part du Grand Duc de Lithua-nye '2'.
Ce qu'ayant esté faict, le Roy dc Polongne feist responce en latin, par laquelle il remercioit Dieu, le Senat et tous Ies Ordres du Royaume de Polongne, de l'ellection qui avoit esté faitte de luy, laquelle il avoit trés agreable, espérant mettre peine de sa-liffere à l'opinion ct expectation qu'ilz avoient de luy; au reste qu'il donneroit charge à son Chance­lier de leur faire responce.
Ce qu'aiant dict, sondict Chancelier, le sieur de Chivcrny Hurault, alla trouver Sad. Majesté en son siege pour recepvoir son commandement, el feist responce ausdictz Sieurs Ambassadeurs à ce qu'ilz avoient dict et proposé au dict Roy de Polongne.
Ce qu'estant faict, on commença à chanter Te Deum et en musique. Après lequel, le Roy ct tous les Princes, ensemble les dictz Ambassadeurs pol-lonoys allerent vers le Roy de Polongne et le bai­sèrent, le Roy son Frere, Monsieur le Duc, et le Roy de Navare, les autres Princes le salluerent; ct les Ambassadeurs luv baiseront les mains.
Et après, le Decret, qui estoit dans ung coffre d'argent doré mis dedans une quaisse de vclloux verd et couvert d'ung drap d'or frizé, a esté reprins
sur laditte table et porté par le Castellan de Gue­nesne et Conte de Gorca, qui le porterent sur les espaulles jusques dedans la Saintte Chapelle où l'on deist vespres.
Depuis, ledict Decret fut livré et baillé aud. sieurde Cheverny; et fut ordonné que sur la mesme hacquenée blanche couverte d'une housse de drap d'or avec ung carreau de mesme, il seroit porté jusques à l'hostel d'Anjou <3'.
A la fin de l'acte, l'artillerie tira de toutes partz, tant de l'Arsenac du Roy, de la Ville, que Hostel de laditte Ville; et la cloche du Pallais sonna. Le Roy mena ledict jour soupper au Louvre tous lesd. Ambassadeurs <4).
Cedict jour auroient esté expédiez ct envoiez les Mandemens qui ensuivent.
60. — Mandemens [aux Quarteniers]
pour les feuz de joye
de la reception du hoy de pologne en ceste ville.
i3 septembre. (Fol. 84 v°.)
De par les Prevost des Marchans et Eschevins
de la Ville de Paris.
"Sire Jacques Kerver, Quartenier de lad. Ville,
faittes sçavoir par voz Cinquanteniers et Dixinicrs
à tous les bourgeois de vostre quartier, qu'ilz aient
ce jour d'huy à fere feux de joye par les rues, en
signe de la joye que les citoiens ont de la Reception
du Roy de Polongne en ceste ville : si n'y l'ailles faulte.
"Faict au Bureau, le xinmo jour de Septembre
M Ve LXXIII, n
Pareilz Mandemens ont esle;: envoie/, à touz les autres Quarteniers de lad. Ville.
") Sic, au Registre; mais c'est une erreur au lieu de Sanoc; cf. p. 107, noa-
■-' Le Catalogue de l'Histoire de France, publié par l'Administration de la Bibliothèque nationale, ne mentionne aucune de ces diverses harangues comme ayant été imprimée; mais, d'autre parl, il donne le titre (t. I, p. 290, art. 35 et 36) du discours prononcé en latin par le capitaine Zamoiski, avec sa traduction en français. Le voici en abrégé : Joan. Sarii Zauoscii, Bclsencis et Zamechensis praefecti, ac in Gallium legali, oralio, qua Jlenric. Vuhsium regem renunliat. Luletiae Parisiornm, ex ojjiana F. Morelli, iSj3, in-ù". L'Oraison du seigneur Jean de Zauoscib, Gouverneur de Belzs el de Zamech, l'un des Ambassadeurs envoyez en France par les Estats du Royaume de Poloigne, el du grand Duché de Lithuanie. Au sérénissime Roy éleu de Poloigne, Henry, Fils et Frere des Roys de France. . . Sur la Declaration de son Election, et pourquoy il a esté préféré aux autres compétiteurs. .. Traduitte de Latin en François, par Lors REcros, suivant le commandemant dudit Seigneur Roy, et à la requeste des Seigneurs Ambassadeurs. Paris, par M. de Vascosan, i5jù,in-/i°. Pièce.
('' "L'hostel d'Anjou- : c'était la résidence de Henri d'Anjou, qui l'avait acquis récemment des deux frères de Neufville. Cet hotel, célèbre dans l'histoire lopographique de Paris, était précédemment connu sous le nom d'hôtel de Villeroy et antérieurement sous celui d'hôtel d'Ilosteriche. Pour plus de détails, voir la note 1 de la page 9.
C Cette relation a élé reproduite dans l'Histoire de la Ville de Paris, tome IU des Preuv.s, p. 427-/129. — En outre, Dom Félibien a transcrit au tome I des Preuves, p. 717-718, d'après un Registre de la Chambre des Comptes, un résumé très succinct des diverses cérémonies qui eurent lieu du 9 au 14 septembre.